Pour bien analyser les fréquentations piéton/vélo, il est important de garder un œil critique sur les données collectées et de bien identifier et analyser les causes pouvant expliquer des évolutions positives ou négatives.

En guise d’introduction, voici quelques rappels sur la collecte de données.

Comment fonctionne un compteur de passages de vélos /piétons ?

Depuis plus de 20 ans, nous fournissons des systèmes permettant de collecter des données terrain fiables en enregistrant le passage des usagers sur site (urbain ou naturel). Cette collecte de données est réalisée par plusieurs technologies différentes, capables de répondre à toutes les contraintes des sites :

• des technologies de boucle à induction pour les cyclistes
• des capteurs pyroélectriques pour les piétons
• ainsi que des caméras avec algorithme et intelligence artificielle pour du comptage multi-usagers

Pour en savoir plus sur la manière dont fonctionne nos systèmes, vous pouvez consulter cet article dédié.

Compteur vélo temporaire par boucle à induction collée (Easy ZELT) – Paris

NB : On distingue dans la terminologie de cet article, la notion de «compteur» pour le matériel physique et de «site / site de comptage» pour l’endroit géographique où le matériel physique est positionné (étant entendu qu’il est possible de déplacer des compteurs d’un endroit à un autre, et donc d’un «site» à un autre). La fréquentation mesurée est celle d’un «site».

Analyser les fréquentations piéton/vélo

Une fois collectées, les données peuvent être analysées. Cependant, pour être pertinent dans l’analyse des fréquentations piéton/vélo, il est important de connaître les différentes causes possibles d’une évolution de fréquentation, ainsi que les points de vigilance pour réaliser des comparaisons.

Voici donc quelques ressources sur ces causes et points de vigilance, identifiées avec Stéphanie Mangin, responsable du Pôle Observation pour Vélo & Territoires, partenaire d’Eco-Compteur depuis 2013 dans la co-création de la Plateforme nationale des fréquentations (PNF).

Les causes d’une évolution de fréquentation

#1 Les effets de la météo sur la pratique

Si le trafic automobile est généralement très prévisible, la pratique du vélo ou de la marche est plus sensible à la météo. Les périodes hivernales sont traditionnellement plus faibles en termes de trafic, et les événements météorologiques peuvent jouer sur la fréquentation.

Quelques remarques sur les effets météo (en France, d’après les observations faites pour la PNF) :

• La fréquentation vélo en milieu urbain progresse d’année en année et semble de moins en moins sensible à la météo.
• A contrario, pour le vélo loisir/tourisme, la pratique se stabilise sur un plateau au niveau élevé atteint en sortie de crise sanitaire. Le moindre changement météo, en positif ou négatif, d’une année sur l’autre fait varier la fréquentation.

Pour analyser correctement la fréquentation, il est donc important de posséder des données à météo constante, ou a minima d’isoler l’impact de la météo sur l’augmentation de la pratique. Pour cela, le croisement des données de fréquentation avec les données météo peut également aider (cf. le module d’analyse météo intégré à notre solution Eco-Visio).

#2 Les effets de calendrier

Les jours fériés peuvent également avoir des impacts non négligeables sur la pratique. On observe ainsi qu’un jour férié en pleine semaine en milieu urbain entraine une baisse de fréquentation, à contrario en milieu rural où il peut entrainer une hausse. Ce potentiel impact sur la fréquentation est un élément à prendre en compte dans les comparaisons avec les années précédentes.

#3 Fermeture d’un axe pour travaux ou évolution du plan de circulation

Autre cause majeure plus facilement identifiable, la fermeture d’un axe pour travaux ou pour trafic de transit entraîne quasi systématiquement une évolution de la fréquentation, un élément à prendre en compte dans la comparaison des chiffres de fréquentation à l’échelle d’un territoire : l’analyse est-elle réalisée sur des sites comparables entre les deux années analysées ?

#4 L’effet « réseau cyclable »

Plus positif, la constitution d’un réseau cyclable peut également apporter des baisses de trafic trompeuses. L’aménagement d’un nouvel axe plus adapté ou plus direct peut ainsi entraîner une diminution du trafic vélo sur un autre axe. Pour objectiver ce ressenti dans les villes où un travail est en cours pour constituer un réseau cyclable complet et continu, il est nécessaire de croiser les données de fréquentation des compteurs permanents avec d’autres sources de données comme les traces GPS, pour obtenir une vue complète du réseau. Une possibilité offerte par notre solution Cycling Insights développée en partenariat avec Geovelo.

Points de vigilance lors d’une comparaison

#5 Comparaisons avec période et données comparables

Avant toute comparaison des données d’un site entre deux périodes, il est important de s’assurer que le jeu de donnée est complet et ne présente pas d’anomalie sur les deux périodes à analyser. Dans le cas contraire, il est important, pour ne pas fausser le calcul des évolutions, de réaliser les analyses à périodes comparables. Ainsi si l’on souhaite comparée les années N et N-1 d’un compteur auquel il manque dix jours en janvier de l’année N, la comparaison sera effectuée en excluant ces dix jours manquants pour les deux années, N et N-1. Ainsi, seule la période commune entre les deux années est prise en compte pour l’évolution.

La nécessité de comparer ce qui est comparable implique de travailler sur le jeu de données le plus détaillé possible. Seule une analyse à échelle fine (idéalement par heure et par flux) permet de détecter les anomalies ou absences de données. On le comprend aisément : un compteur qui a fourni des données pendant les 365 jours de l’année ne pourra pas être comparé avec un compteur ayant eu des jours de données manquants. Cela aboutira nécessairement à une comparaison qui n’a pas de sens, mais qui peut être invisible si l’on se concentre sur le total des passages enregistrés pour une année.

De la même manière, un creux dans les données peut suivre une hausse anormale, et la compenser, ce qui peut donner une fausse impression de stabilité de la pratique, alors qu’un examen plus en détail montrerait une autre histoire.

#6 Nature de l’aménagement cyclable

En analysant les fréquentations, il est important de connaître la nature de l’aménagement cyclable : est-ce un trafic mono-directionnel ou bi-directionnel ? L’aménagement comporte-t-il une ou plusieurs voies (par exemple une voie partagée, et une voie dédiée séparée de la circulation) ? La comparaison de chiffres de trafic «absolus» entre sites est à faire attentivement pour éviter de comparer  des sites aux configurations d’aménagements différents.

Piste cyclable bidirectionnelle à Montréal

#7 Nombre de passages, taux de progression ou évolution sur base 100 ?

Agréger les nombres de passage de plusieurs sites pour communiquer un «gros chiffre» de trafic sur une année n’est pas pertinent, car cela ne dit rien de la pratique réelle, mais seulement du nombre de compteurs installés, que multiplie le trafic moyen. Il est plus honnête et parlant de communiquer sur le nombre de passages moyens en un site, l’évolution de ce nombre de passages d’une année sur l’autre (en intégrant toutes les causes/limites mentionnées plus haut), ou, comme nous le faisons pour notre analyse du trafic vélo dans 15 pays, une base 100 représentant par exemple, le trafic moyen d’une année, ce qui permet de comparer des localisations avec des niveaux de trafic différents, et de suivre cette évolution dans le temps.

Evolution du trafic vélo en France en base 100, d’après les chiffres de l’Index Eco-Compteur

Gardons enfin en tête que 10% d’augmentation n’a pas le même sens suivant que l’on parle d’un site de comptage qui enregistre 100 passages/jour ou 1 200 passages/jour. Il peut donc être pertinent de mentionner, en plus du % d’augmentation, le trafic moyen sur le site.

A propos de nos services de données

Chez Eco-Compteur, nous fournissons des services d’expertise de données adaptés aux besoins. Que vous ayez besoin de rapports spécifiques, de validation, de reconstruction des données, ou d’une estimation des volumes annuels ou saisonniers à partir de comptages court-terme, nous pouvons vous aider.

Au-delà de la collecte des données via nos produits physiques, nous offrons une large gamme de services qui peuvent vous aider à mieux comprendre vos données.

Voici comment nous pouvons vous aider :

• Nos services de validation et de reconstruction des données garantissent l’exactitude et la fiabilité de vos données, afin que vous puissiez vous fier aux résultats. En utilisant une méthodologie éprouvée et fiable, nous validons la cohérence et l’intégrité des jeux de données, reconstruisons les données si nécessaire et vous communiquons les résultats en toute transparence (y compris notre niveau de confiance dans les résultats obtenus).
• Nous pouvons également créer des rapports spécifiques pour fournir une analyse détaillée de vos données, vous donnant ainsi les informations dont vous avez besoin pour prendre de bonnes décisions, y compris les données météo.
• En outre, nous pouvons également vous aider à estimer les volumes annuels ou saisonniers par extrapolation à partir de comptages court terme. Il s’agit d’une méthode précieuse pour obtenir une meilleure compréhension de votre réseau avec moins de ressources. Cette méthode unique se base sur des compteurs ayant des profils similaires dans la base de données, ce qui permet d’intégrer les composantes locales et particularités du terrain (effet météo, par exemple).

Contactez-nous pour en savoir plus sur la façon dont nous pouvons vous aider à donner du sens à vos données !

Pour en savoir plus sur les anomalies terrain et comment les résoudre, vous pouvez consulter le guide des anomalies de comptage, réalisé en partenariat avec Vélo & Territoires